Connaître et appréhender le changement

Connaître et appréhender le changement


« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements - Charles Darwin »


Le mot « changement » est partout autour de nous, « il faut changer » est une phrase que j’entends, que je lis, mais finalement le changement c’est quoi ?


C’est une notion très paradoxale car d’un côté physiologiquement nous changeons en permanence, nous entendons quasi quotidiennement des discours sur les changements nécessaires (environnementaux, sociétaux, politique, en entreprise, …) et en même temps cette notion fait peur.


Lors d’une conférence que j’avais donnée sur le changement j’avais demandé aux participants de me noter sur des post-it des mots qui faisaient référence au changement, à 90% les mots trouvés étaient négatifs et faisaient référence à un échec, à une perte.


Nous pensons bien souvent à ce que nous allons perdre, mais rarement à ce que nous allons gagner.


Seulement, nous tentons de marcher dans l’autre sens de la vie !
En effet, dans la nature, dans la vie, tout est cycle : cycle des saisons, cycle lunaire, cycle menstruel, …
Il suffit de regarder dehors pour se rendre compte que le cycle est composé de Vie / Mort / VIE, la vie revient toujours, les feuilles finissent toujours par repousser et mon Dieu que c’est beau à voir !


Je vais donc aujourd’hui vous parler des cycles du changement, modélisés par Frédéric Hudson, qui se résume à cela :



 


I. Phase de lancement


C'est l'été, c’est lorsque je démarre quelque chose de nouveau (nouveau job, nouvelle relation, nouveau loisir, …), le projet de réussir me porte, je me sens bien, mes énergies sont hautes et positives.
On a l’impression que tout est possible et réalisable.
Dans cette période, on ressent beaucoup de plaisir, on agit beaucoup.
Nos actes ont du sens, nous sommes alignés par rapport à nos valeurs.


A un moment, dans cette phase, il y a une phase de plateau : « ça marche, c’est bon je suis confiant(e) ».


Et là, 2 dynamiques s’offrent à vous :


- Je l’alimente : décidez d’apporter des nouveautés régulièrement !
Si c’est le cas, vous pouvez rester des années dans cette phase !


- Phase de déclin : je laisse les choses se détériorer, je laisse faire.
On passe donc de la phase « été » à la phase « automne »



II. Phase de déclin


C'est l'automne, vous trouvez toujours que la situation est bien MAIS des choses ne vous plaisent plus, des problématiques apparaissent, voir des conflits, la relation peut se tendre.
C’est le moment où vous râler, vous plaignez, mais vous n’agissez pas. La colère commence à poindre.


- Solution de recadrage : si vous gérez le problème, trouvez des ajustements, établissez les réglages nécessaires, vous pouvez repasser à la phase 1.


- Si pas de solution trouvée, si les sensations négatives prennent le pas, c’est le point de non-retour et vous passez en phase « hiver ».



III. Phase de marasme


C'est l'hiver, le coup de blues, le désengagement, la fin de quelque chose, vous réduisez vos contacts et vos activités, c’est la phase cocooning. La tristesse et la solitude sont présentes.


C’est un moment de changement profond et structurant, un moment pour se poser.


Et j’aimerais passer un moment sur cette phase car je trouve que c’est dans cette phase-là que nous avons l’occasion de grandir et de prendre soin de soi.


Mon conseil pour cette période : Éprouvez le vide !


Je sais ce n’est pas populaire, et pourtant cette phase est nécessaire, salutaire pour avancer, les deux pieds bien ancrés dans la vie.


On fait tout pour ne pas rentrer dans cette phase et lorsque nous y sommes, on fait tout pour ne pas y rester.


La tendance est à combler le vide par autre chose : relation, loisirs, addictions, …


Nous avons perdu la notion de deuil pourtant essentielle à toute reconstruction.
Il était un temps pas si lointain, où, dans certaines contrées, les femmes en deuil portaient du noir pour signifier leur deuil, cela pouvait durer des mois, voire des années.
Aujourd’hui, dans ce monde où tout doit aller vite, où règne la productivité, le plaisir immédiat, cette vie que nous pensons contrôler, le travail de deuil est presque vu comme un gros mot.


Combien de ces phrases ont déjà été entendues par une personne qui vient de perdre quelqu’un ou quelque chose d’important :
« Arrête de pleurer, il faut que tu passes à autre chose ! »
« Allez tu vas pas déprimer ici tout(e) seul(e), viens on sort ! »
« Tu vas pas ressasser ça tout le temps, il faut que tu vives ta vie maintenant ! »


Et en soi, les autres (et nous aussi d'ailleurs) ne sont justes pas équipés pour nous réconforter, cette idée de deuil peut faire peur, car il est directement lié à la mort, on ne sait pas quoi faire avec cela. On ne nous a jamais appris à gérer cela, on fait au mieux dans l'instant.
Ne leur en voulez pas, dites simplement que vous avez besoin de ce temps pour vous retrouver et qu’il n’y a rien de grave à cela.


Si vous décidez de fuir cette étape, le risque est que vous recommenciez à chaque fois les mêmes expériences, relations, jusqu’au moment où cela deviendra de plus en plus violent, la vie vous mettra à genoux et vous n’aurez plus le choix de la regarder en face et de faire une pause.


Ce moment est un moment de reconstruction, qui peut se définir en 2 phases :


1. Vivez vos émotions pleinement et la réalité de la perte


Plusieurs émotions sont présentes, la colère, la tristesse, la rancœur, la déception, la haine, la rage, l’incompréhension, le désespoir, …
Ne retenez pas ces émotions, vivez-les pleinement, en toute sécurité dans un endroit où vous vous sentez bien. Et là encore, il n’y a pas de temps limite !


Vous allez passer par plusieurs phases pendant cette période : le choc, le déni, la colère, la peur, la tristesse, l’acceptation, le pardon, la quête de sens et la sérénité, la croissance.


Ces étapes sont normales, vous pouvez passer d’une étape à l’autre, reculer. Laissez faire les choses, vous finirez par avancer, pas de pression de temps, vous serez plus fort à la sortie.


Les périodes de deuil sont nécessaires pour ne pas polluer vos nouvelles relations / activités.


2. Faire le bilan et préparer vos prochains pas :


- Quelle leçon tirer de cette situation passée ?
- Qu’est-ce que cela touche en moi ?
- Qu’est-ce que je veux ?
- Quel sens je veux donner à ma vie ?
- Qui suis-je ?
- Que dois-je développer pour que cette situation n’arrive plus ?
- Qu’est-ce qui est important pour moi aujourd’hui ?



IV . Phase de renouveau


Forcément après ce retour à soi, vient le moment où les espoirs renaissent, c’est le printemps, on a retrouvé le chemin et on expérimente de nouvelles pistes plus en accord avec nous. Nous ressentons de la légèreté, de la joie et la confiance retrouvée.


À force de test, on finit par trouver quelqu’un / quelque chose qui nous convient et alors nous pouvons repartir, confiant, en phase 1.
Et le cycle recommence.



Notre vie est jonchée de mini-transitions et de grandes transitions.


Quelquefois aussi, vous pouvez avoir un domaine de votre vie (couple, famille, travail, épanouissement personnel, vie sociale) en phase 3 et les autres en phase 1, 2 ou 4, occupez-vous du domaine en phase 3, car si vous ne vous en occupez pas, cela risque de contaminer les autres domaines de votre vie.



Et vous, dans quelle phase êtes-vous en ce moment ?



"Si tu veux des garanties dans la vie, alors tu ne veux pas la vie."
Neale Donald Walsh