Les émotions dites « négatives » : les reconnaître et s’en libérer

Les émotions dites « négatives » : les reconnaître et s’en libérer


« Ce que l'on réprime s'imprime; Ce à quoi l'on résiste, persiste; Ce qui nous affecte, nous infecte; Ce que l'on fuit nous poursuit. »


En cabinet lorsque je demande à mon client comment il va, comment il se sent, j’ai en général 2 types de réponses : « on va dire que ça va » ou « là ça va pas du tout, je ne me sens pas bien ».


Lorsque je demande quelle émotion se cache derrière « je ne me sens pas bien », on doit réfléchir pour me donner l’émotion qui est touchée.


Je trouve qu’il est urgent de se reconnecter à ses émotions car elles sont un merveilleux outil à notre disposition pour aller mieux.


1. De l’importance de cacher ses émotions


On nous a appris, dès l’enfance, qu’il fallait cacher ses émotions dites « négatives » :


- « une belle jeune fille (jeune homme) ça ne pleure pas »
- « c’est vilain une petite fille (jeune homme) qui se met en colère, t’es pas jolie comme ça »
- « tu dois être fort, ne te mets pas dans des états pareils »
- « il est toujours entrain de pleurnicher celui-là (celle-là) ! »
- « tu es entrain de mettre la honte à pleurer / crier comme ça, arrête ! »
- « va dans ta chambre et tu reviendras quand tu auras réfléchi ! »
- « il y en a qui sont bien plus malheureux que toi, avec tout ce qu’on fait pour toi, tu devrais avoir honte ! »
- Et il y a des tas d’exemples qu’on a pu entendre dans notre enfance …


En tant qu’enfant, nous intégrons donc ces deux informations :
- Etre adulte, c’est se couper le plus possible de ses émotions et ne s’en préoccuper que pour faire joli dans une conversation de salon, sans déranger personne, une fois de temps en temps
- Pour être aimé et avoir ma place dans ce monde, je dois faire non pas ce que je sens, ni ce que je voudrais, mais ce que les autres veulent. Etre vraiment moi-même, c’est risquer de perdre l’amour des autres.


On apprend très tôt à se couper de son cœur, de ses émotions, en mettant sa colère/sa tristesse dans sa poche pour racheter l’intégration familiale en affichant un faux sourire.


Ce qui fait qu’en grandissant, on a pensé que c’était mal d’être triste, en colère ou d’avoir peur. On a appris à refouler ses émotions, jusqu’à se rendre compte qu’un décalage grandit entre l’image que l’on montre à la société aux autres et ce que l’on est vraiment quand on est seul, face au miroir.


Il est normal d’avoir des émotions, vous êtes humains, les refouler, les « mettre sous le tapis », les fuir, va juste les amplifier et elles vont finir par ressortir, desfois des années après !


Le sentiment fonctionne comme un signal clignotant sur un tableau de bord : il indique qu’une fonction n’est pas remplie, qu’un besoin n’est pas satisfait.
Lorsque le voyant de l’huile moteur s’allume dans votre voiture, vous allez remettre de l’huile moteur => faites pareil avec vos émotions, occupez-vous-en !


Voyons ensemble les émotions que nous n’aimons pas voir apparaître et tous les mots qui y sont associés, pour que cela vous aide à vous situer aussi.


Quelle émotions suis-je entrain de ressentir ?



2. Voyage en eaux troubles



La peur



 


Le circuit de la peur est celui qui a été le plus étudié par les chercheurs en neurobiologie.


Cette émotion est essentielle à la survie. Son rôle est de nous avertir de la présence imminente d’un danger, autrement dit, elle nous prépare à le recevoir et peut nous causer des difficultés. Elle permet également d’évaluer notre capacité à affronter des situations que l’on perçoit comme menaçantes.


Seulement, saviez-vous que 9 peurs sur 10 que nous ressentons ne sont pas rationnelles ? Ces peurs peuvent nous gâcher la vie, nous laissant en proie à l’agitation, l’anxiété et à toutes sortes de soucis ordinaires.



La colère



 


Il s’agit de la seconde émotion expansive. C’est une émotion impulsive, et un moyen de se débarrasser d’un poids, de se libérer de ce qui nous gêne, de ce que nous croyons injuste ou de ce qui nous fait mal.


La colère implique une surcharge d’énergie, qui nous aide parfois à réaliser ce que nous aimons. Cependant, si l’on exprime la colère à l’extrême, celle-ci deviendra un problème de plus, au lieu de nous aider à résoudre la situation.


La tristesse


 




 La tristesse est une émotion qui fait partie du groupe des émotions de repli et elle est considérée comme la plus réfléchie de toutes.


Elle fait référence à une chose qui s’est produite dans le passé et son rôle est de nous aider à prendre conscience d’une chose, d’une situation ou d’une personne que nous avons perdue ou qui nous manque.


La tristesse permet également de nous libérer de ce qui ne nous appartient pas ou qui nous fait mal.



5. Comment se reconnecter à elles ?


Identifier son émotion


C’est la 1ère étape, c’est la clé de voute de l’intelligence émotionnelle. Cette capacité est essentielle à la compréhension de soi.
Quiconque est aveugle à ce qu’il ressent est à la merci de ses sentiments.
Par rapport aux tableaux ci-dessus, demandez-vous ce que vous ressentez et voyez à quelle famille cela appartient.
Prenez conscience de cette émotion. A cette étape, ne faites rien d’autre, observez-là. Oui ce n’est pas agréable mais c’est indispensable !



Trouver le message


Chaque émotion porte un message. Quel besoin n’est pas nourri, chez vous ?
Souvent, à ce moment-là j’entends « j’ai besoin que l’autre fasse ceci », « j’ai besoin que l’autre change », « j’ai besoin que l’autre soit comme ceci ou comme cela ». Mais là en aucun cas vous parlez de vos besoins, vous parlez de projections sur l’autre.
Faute de connaître nos besoins et de les exprimer de façon négociable, nous utilisons la peur, la culpabilité ou la honte pour obtenir ce que nous voulons.
Posez-vous vraiment et demandez-vous ce qui n’est pas nourri chez vous ? De quoi avez-vous besoin pour vous sentir bien en ce moment ?



Libérer cette émotion


Une fois le message entendu, le besoin identifié … déjà vous ressentez comme vous pouvez vous sentir mieux ? Comme si une chape de plomb avait lâché, vous vous sentez plus léger.
Faites une action pour relâcher cette émotion. Par exemple, écrire une lettre en couchant tout le mal, la tristesse, la colère que vous ressentez ou, si vous le pouvez, aller voir la personne concernée et dites-lui ce qui vous a touché, quel besoin n’a pas été nourri et quel compromis pouvez-vous trouver.



6. De l’importance de se reconnecter au « vrai »


Observez les conversations habituelles, à table, en société, au travail, dans les réceptions. Il est rare que nous nous écoutions vraiment : nous attendons plutôt poliment notre tour de prendre la parole en préparant notre intervention. Ce sont des monologues qui s’enchaînent. Il n’y a pas de rencontre et c’est ce qui explique qu’il y ait si peu de conversations nourrissantes, stimulantes, énergisantes : nous ne parlons pas vrai, ni n’écoutons vrai. Nous nous croisons. Nous nous manquons.


Je crois de plus en plus que là est le manque fondamental dont nous souffrons tant. Nous manquons de la présence nourrissante qui naît de la rencontre vraie. Nous manquons à la fois de la rencontre avec nous-même et de la rencontre avec les autres.


Tant que nous ne savons pas que c’est cela que nous cherchons, nous tenterons de combler ce manque par toutes sortes d’artifices : nous nous griserons de travail, de conquêtes amoureuses, d’hyperactivisme, nous nous étourdirons dans la consommation, la possession, la séduction, nous nous abrutirons d’alcool, de drogue, de médicaments, de sexe ou de jeu, nous nous dissimulerons derrière les responsabilités, les devoirs, les concepts et les idées.


Nous attendrons parfois désespérément un déclic miraculeux d’un atelier thérapeutique, d’un voyage au bout du monde, d’une expérience spirituelle, avant de découvrir, comme l’alchimiste de Paolo Coehlo, que nous sommes assis sur notre trésor, que notre trésor est au cœur de la rencontre avec nous-même, en nous-même et en l’autre, qu’il n’existe pas d’autre bien à posséder, d’autre pouvoir à définir, d’autre griserie à goûter, d’autre merveille à contempler que la rencontre ; que c’est celle-ci qui nous relie à nous-même, aux autres, au monde, que nous ne sommes ni exclu, ni séparé de rien si ce n’est par nos pensées divisantes.


 



Sources:
"Cessez d'être gentil, soyez vrai" de Thomas D'Ansembourg
"L'intelligence émotionnelle" de Daniel Goleman