Liberté Chérie
« La liberté commence où l'ignorance finit - Victor Hugo »
Dans cette période tourmentée, avec encore, beaucoup d’impatience, de colère, d’agacement, de ras-le-bol, nous passons un été si exigeant. La séparation entre nous tous, semble une voie toute tracée.
Et pourtant, je vous propose ici, dans cet article, de changer notre angle de vue.
Le flux constant de changement que nous subissons depuis des mois nous présente des situations indépendantes de notre volonté. Aussi, la seule chose que nous pouvons contrôler est notre réaction face à ces situations. C’est un temps où la maîtrise de soi est la clé.
« Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être, mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. »
Marc Aurèle
J’ai eu cette chance de pratiquer mon métier pendant cette pandémie, j’y ai vu beaucoup de personnes, de problématiques, et je vois deux grandes notions qui sont fortement interrogées et bousculées. À travers cet article, je continue cette exploration de nos mondes intérieurs et vous donne ici quelques clés, pour ce face-à-face avec vous-même.
I. Nos besoins physiologiques
Je ne peux pas commencer à vous parler de liberté et de sécurité, sans vous parler de la notion de besoins physiologiques.
Le besoin est défini comme une « exigence née d’un sentiment de manque, de privation de quelque chose qui est nécessaire à l’existence” ce qui le différencie d’une envie, d’un désir qui se veut éphémère et dont on peut se passer.
Autrement dit, un besoin est quelque chose d’essentiel à notre vie pour nous sentir bien, car un besoin non satisfait, non identifié, génère la plupart du temps des émotions négatives, de l’angoisse, du stress, un mal-être.
Abraham MASLOW a théorisé nos besoins au travers d’une pyramide qui donne des clés de compréhension du comportement des personnes et d’identifier les besoins humains fondamentaux. (Physiologiques, sécurité, appartenance, estime, accomplissement).
Je vous propose de la découvrir pour prendre conscience des besoins indispensables à notre bien-être personnel dont la reconnaissance, se sentir en sécurité, le respect, l’appartenance, l’estime de soi.
Où en êtes-vous aujourd’hui de vos besoins ?
Sont-ils nourris ? Si oui, lesquels et quels aspects de ce besoin comblez-vous d’une façon qui vous satisfait ? Si non, lesquels et qu’est-ce qui vous manque exactement ?
Dans la situation sanitaire actuelle, certains de nos besoins physiologiques, sont impactés par des décisions extérieurs, dont surtout deux notions qui reviennent quotidiennement dans mon cabinet, sous différentes formes, stress et situations.
II. Nos sécurités
Étrange de parler de sécurité dans un article sur la liberté ? Et bien en fait, pas vraiment. Car, pour moi, liberté et sécurité sont liés. On les oppose souvent. Comme si l’une, était le contraire de l’autre.
Et pourtant, nous ne pouvons pas nous sentir libre, si nous ne nous sentons pas en sécurité.
La sécurité est la base de la liberté. Une liberté sans cadre est une utopie.
Lorsqu’en cabinet, on me parle de sécurité, on entend souvent par là, la sécurité financière et la sécurité matérielle. Et la vie de la personne s’articule autour de cela. Pour maintenir cette sécurité (ce logement, ces revenus), la personne va devoir s’adapter et accepter des situations, quitte à faire grandir en soi, du stress, des angoisses et des addictions en tout genre (sport, hyperactivités, etc).
La sécurité peut alors finir par peser, empêcher de prendre des décisions, de faire des choix de vie plus en accord avec ses valeurs, de peur de perdre cette sécurité. Celle-ci devient, à la longue, étouffante pour la personne.
Dans la pyramide de Maslow (reprise au point 1), se sentir en sécurité fait partie des 1ers besoins de base.
Et souvent lorsque cela commence à nous étouffer, c’est parce que les besoins du dessus ne sont pas satisfaits. Car dans cette pyramide, les besoins sont interconnectés et surtout personnels.
Là où ce besoin est bousculé, c’est que nous avons besoin des autres pour combler ce besoin.
Enfant, nous avons besoin de nos parents pour nous loger, nous nourrir, etc.
Adultes, nous avons besoin d’un revenu, donc d’un employeur ou de sources de revenus, pour pouvoir nous loger, nous nourrir, etc.
Aussi, le jour où la situation change, via l’extérieur (par mon employeur, mon conjoint, ma compagne, voir un gouvernement), c’est la panique à bord, puisque cela touche à un besoin de base.
Ici, le changement d’angle de vue serait de se dire : et si, adulte, je trouvais ma sécurité à l’intérieur de moi-même ?
Pour ne plus être autant impacté, émotionnellement, par les décisions de personnes extérieures à moi. Pour ne pas avoir la sensation que tout s’effondre autour de moi quand je peux perdre des sécurités du monde extérieur.
Se sentir en sécurité avec soi-même, c’est savoir se soutenir soi-même, peu importe les conditions extérieures.
C’est savoir se donner de la valeur, même quand l’extérieur, y compris nos parents, ne nous reconnaissent pas.
C’est savoir s’apporter de l’amour et prendre soin de soi - et de ses besoins - quand personne ne le fait pour nous.
C’est se connaître assez pour gérer ses émotions, sans renier des parts de soi, mais en les accueillants. Long travail je le sais, mais ô combien salvateur !
C’est savoir prendre ses responsabilités, quand il serait tellement plus facile de se tourner en victime et d’avoir la sensation de subir sa vie.
C’est se souvenir que nous sommes créateurs de nos vies et qu’il ne tient qu’à nous et à nos décisions, de bouger, un pas après l’autre, dans la direction que nous souhaitons.
Cela engage bien sûr un travail sur soi, car ce n’est pas automatique. Personne ne nous apprend jamais cela, ni dans nos familles, ni à l’école. Je crois, qu’il s’agit de prendre soin de soi comme nous aurions aimé l’être plus jeune.
C’est être en même temps, un père et une mère pour soi-même.
Se sentir en sécurité à l’intérieur de soi permet de toucher à la notion de liberté, c’est une voie d’accès, un fondamental, je crois.
Cette période nous confronte à nos sécurités :
Quel espace en vous a du pouvoir en ce moment? Dirige vos choix? Jusqu’où se loge votre ego ?
III. Nos libertés
Il existe une idée largement répandu comme quoi être libre consisterait à faire ce que l’on veut, quand on le veut, avec qui on le veut.
Ce message, très fort, on le retrouve bien sûr dans la publicité, mais aussi porté par de nombreux influenceurs sur les réseaux sociaux. Peut-être même que dans votre entourage vous connaissez des gens qui pensent comme cela. Et peut-être que vous-même vous êtes sensible au fait que, au final, être libre c’est faire ce que l’on veut.
Il y a un premier écueil dans cette façon de penser, puisque l’on va confondre:
« Liberté et « plaisir ».
« Liberté » et « confort ».
« Liberté » et « facilités ».
Or, philosophiquement, c’est tout le contraire.
Puisque philosophiquement, être libre veut dire assumer la contrainte. Pas la transgresser. Pas la briser. L’assumer.
Prenez un exemple très simple : un danseur. Nous pouvons l’admirer pour sa liberté de mouvement, son aisance, sa grâce, et pourtant combien d’heures de travail, de répétitions et de contraintes il a dû intégrer pour en arriver là ? On pourrait multiplier les exemples dans tous les domaines, dans toutes les pratiques.
À côté de cette idée de contrainte, la notion de liberté nous renvoie à une question : de quoi suis-je prisonnier à l’intérieur de moi-même ?
Puisque nous nous construisons aux pieds de nos parents: quelles croyances ai-je héritées de ma famille, qui, aujourd’hui, m’enferment plus qu’elles ne me font me sentir libre ?
Quelles phrases ai-je entendu depuis petit, et qui continue de tourner dans ma tête aujourd’hui, dès que je veux réaliser quelque chose ?
En grandissant, quelles croyances culturelles, m’impactent ? Par exemple sur la notion de « que devrait-être une vie réussie ? »
Quelles croyances ai-je adoptées suite à mes expériences de vie ? Notamment les blessures de vie.
Et de voir ce qui vous appartient, de ce qui ne vous appartient pas. Et là non plus, c’est loin d’être automatique.
Finalement, se sentir libre c’est être capable de penser par soi-même. Développer son sens critique. Et finalement sortir de l’ignorance, à savoir la capacité à voir le réel tel qu’il est, à contempler les choses de façon presque factuel.
Nous sommes toutes et tous des êtres de croyances, mais il est important de savoir si telle ou telle croyance m’appartient, ou pas. Il est toujours temps de redéfinir cela et d’en créer de nouvelles, plus en adéquation avec soi-même.
Ici, je vous donne une pratique, toute simple, reprise de Socrate. Il est à appliquer lorsque vous vous apprêter à parler de quelqu’un à une autre personne.
Avant de parler, passer par 3 tamis :
- Est-ce que ce que je vais dire est vrai ? Est-ce que s’est vérifié ? Si ce n’est pas le cas, abstenez-vous de parler.
- Est-ce que ce que je vais dire est bon ? Est-ce que ce n’est pas une critique gratuite ?
- Est-ce que ce que vous allez dire, est utile ?
Au fur et à mesure que vous pratiquez, que vous faites ce petit jeu, vous allez vous rendre compte, peut-être comme moi, du nombre d’opinions que vous émettez dans une journée.
Finalement, la liberté intérieure dont je vous parle ici, commence par le filtrage de ses propres opinions.
IV. Nos responsabilités
Saviez-vous que 95% de nos comportements, nos mécanismes et réactions sont régis par notre inconscient ? Aussi, quelle illusion de penser que je contrôle totalement ce que je fais, comment je réagis.
Se sentir plus en sécurité avec soi-même et libre, relève donc de sa propre responsabilité. Sa propre conscience, pour sortir des automatismes.
Plus vous mettez de la conscience, donc de la lumière, sur vos mécanismes, moins c’est eux qui vous dirigent.
Vous reprenez donc, petit à petit, la responsabilité de votre vie. Devenir acteur de sa vie est donc un travail de longue haleine, et qui demande une pratique assidue.
Ici, pour clôturer cet article, je vous donne un outil, simple en surface mais ô combien efficace, pour justement faire un choix en toute conscience. Pour écouter ce que l’on appelle « sa petite voix intérieure ».
Il s’agit ici de contacter 3 formes d’intelligence qui cohabitent en nous, à chaque instant.
Prenons conscience de celles-ci :
1. L’intelligence de l’esprit
Ici, il s’agit de faire un point sur nos pensées. Quelles sont ces pensées, ces réflexions, ces idées qui tournent et re-tournent dans ma tête ?
Posez, les pour ET les contre. Au début de cette pratique, couchez-les sur papier. C’est un moyen aussi de se libérer de leur emprise - on appelle cela l’écriture thérapeutique.
Développer son esprit critique est une clé essentielle. Me forger au fur et à mesure ma propre opinion, sans pour autant avoir de certitudes.
2. Intelligence du corps
Le corps nous parle, tout le temps, chaque émotion trouve une résonnance dans son corps, pour les pensées obsédantes c’est pareil.
Arrêtez-vous un instant et simplement observez votre corps, prêtez attention à votre respiration et voyez comment votre corps réagit.
Quel(s) zone(s) est/sont touchée(s) ? Qu’est-ce que cela me procure ? (Sentiment d’oppression, tensions, boule au ventre, chaleur, etc, …)
Le corps est une bonne boussole interne également, qui prend soin de nous et de nos besoins.
Cela reste donc un excellent indicateur. Une deuxième étape d’observation indispensable.
3. Intelligence du cœur
Puis, enfin, vient la voie du cœur. Et ici, il s’agit de se rapprocher de ce qui est important pour soi. Quelle est cette source de vie qui nous fait lever les matins, après quoi courrons-nous ?
Quel est mon idéal de vie ? Vers quoi je souhaite tendre ? Quelles couleurs (valeurs) je souhaite donner à ma vie ?
Les neurosciences ont démontré que face à un choix, le cerveau va naturellement rechercher le plaisir immédiat. Qui vous donnera peut-être un chemin, un choix.
Ici, posez-vous, encore, et voyez à plus long terme – dans 5 ans par exemple – où vous voyez vous ? Qui voyez-vous autour de vous ? Comment vous sentirez-vous avec cela ?
Et surtout, ressentez comment vous vous sentez avec cette façon de voir les choses. Sentez la sérénité et la joie. Lorsque vous touchez à cela, et en prenant en compte, les deux autres intelligences, vous pourrez être sûr que ce choix-là, à ce moment-là, sera bon pour vous.
Et, je le précise tout de même ici, un choix n’est jamais définitif, restez ouvert à la Vie, de toute façon elle est plus forte que tout, un bon choix est un choix qui libère, qui n’enferme pas. Cela vous procure de la sérénité. D’ailleurs une fois le choix fait, observez à nouveau votre corps, si les tensions sont relâchées c’est encore une bonne indication pour vous.
Être en accord, en cohérence avec soi-même, voilà le plus beau cadeau que vous pouvez vous faire.
Ce n’est certainement pas le chemin le plus facile, mais c’est celui qui vous mènera vers votre meilleure vie. Écoutez-vous.
« Le monde extérieur est un reflet de nos mondes intérieurs. Unifiez l’intérieur et voyez comme la division fera la place à la neutralité, voir la sagesse, pour vous-même. »
"Vous ne pourrez rien trouver à l’extérieur de vous que vous n’ayez trouvé en vous. Car même ce que vous trouvez extérieurement, si vous ne l’avez pas déjà trouvé intérieurement, vous passerez sans le voir.
Plus vous aurez découvert l’amour, la sagesse, la beauté intérieurement, plus vous les découvrirez autour de vous. C’est une loi.
Vous pensez que si vous ne voyez pas certaines choses, c’est qu’elles n’y sont pas. Si, elles y sont, et si vous ne les voyez pas, c’est parce qu’il faut les développer encore plus en vous.
Le monde extérieur n’est fait que des reflets du monde intérieur, donc ne vous faites pas d’illusion, vous ne trouverez jamais la richesse, la paix, le bonheur extérieurement si vous n’avez pas d’abord fait le travail de les trouver intérieurement.
C’est toutes les cellules de leur corps, toutes les particules de leur être physique et psychique que les êtres humains doivent faire vivre d’après les lois de la paix et l’harmonie afin d’émaner cette paix pour laquelle ils veulent tellement travailler.
La paix, l’homme doit d’abord l’installer en lui-même dans ses actes, ses sentiments, ses pensées et ne plus alimenter la guerre en lui, en luttant sans cesse intérieurement contre une chose ou une autre. C’est à ce moment-là qu’il travaille véritablement pour la paix."
Par Omraam Mikhaël Aïvanhov.